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Extrait Impressions 11 "Côte et terre" de Luc Frédefon


Pour ceux qui douteraient encore de l’existence et surtout de l’importance de l’ancienne fonderie de Lège, il leur suffirait de se rapprocher des Archives départementales de la Gironde pour y consulter le dossier SP 1130 dans lequel une sous chemise concerne l’ « Usine à fer du Sr Gignoux à Lège »... (Voir n° 05 de Côte et Terre impressions page 31 et suivantes.)

Plusieurs plans de grand format donnent, d’une part, l’implantation de l’usine dans le territoire car elle a nécessité arrivée d’eau, bassin de retenue, sortie d’eau et, d’autre part, le plan proprement dit de l’usine...

Celle-ci était composée de plusieurs édifices et l’importance de la puissance hydraulique, puisée dans les eaux du canal des étangs, était primordiale puisqu’elle devait activer au moins trois roues à aubes entraînant martinet, marteau pilon, soufflerie...

Très officiellement, on trouve dans le dossier cité une affiche sur papier jaune qui reprend l’arrêté préfectoral du 3 septembre 1846. Cet arrêté imprimé et signé de SERS Pair de France, conseiller d’Etat, préfet de la Gironde, accueille la demande du 19 août 1846, enregistrée le 21, de M. Gustave Gignoux, maître de forges à Biganos, « à l’effet d’être autorisé à établir une fonderie et forge à fer dans la commune de Lège ».



Il est prévu que cette affiche sera apposée à Bordeaux, Biganos et Lège. Elle reprend in extenso la lettre de motivation de M. Gignoux (que nous recopions ci-dessous, même avec ses erreurs et approximations !).


Monsieur le Préfet,

Les nombreuses dunes qui ont été ensemencées par l’Etat, dans la partie comprise entre le cap Ferret, commune d’Andernos, et la commune d’Hourtins, forment entre elles des forêts d’une grande étendue. Ces ensemencements sont continués très activement sur divers points ; de sorte qu’il est probable que le temps n’est pas éloigné où ces arides collines de sable seront en quelque sorte métamorphosées en d’immenses et d’inépuisables forêts qui changeront complètement la face du pays.

L’Etat a dû prévoir qu’à la suite du boisement des dunes, de nouvelles industries viendraient s’établir à leur proximité pour consommer le produit de ce nouveau sol ; les bois de ces forêts dans les communes d’Andernos, Lège, Le Porge, Lacaneau, Carcans, Sainte Hélène et Hourtins, ont atteint la grosseur convenable ; des coupes ou des éclaircies se font dans ce moment, et ce bois, gisant sur le sol, serait probablement abandonné, faute d’emploi, si l’industrie ne venait en réclamer l’exploitation.

C’est en vue d’utiliser le combustible des éclaircies des forêts des dunes, ainsi que celui fourni par les diverses forêts particulières, que le soussigné vient d’acquérir une propriété dans la commune de Lège, au lieu-dit Le Franc, avec l’intention d’y établir une usine métallurgique, qui serait composée d’un haut fourneau pour la fusion du minerai de fer, de deux feux d’affinerie pour l’affinage de la fonte, et de deux marteaux pour étirer le fer en barre.




L’usine serait établie conformément aux deux plans en triple expédition annexés à la présente demande, avec mes titres de propriété, et elle prendrait la dénomination de Fonderies et Forges de Lège.

Ces fonderies et forges seraient exploitées au moyen de machines hydrauliques : l’eau nécessaire à cet usage serait prise dans la petite rivière appelée Canal des Etangs, au moyen d’un canal qui serait établi sur la rive gauche et latéralement à cette petite rivière. La quantité d’eau nécessaire pour le service de l’usine serait de cinquante centimètres par seconde. Le canal dont il vient d’être parlé, destiné à recevoir cette eau, aurait une disposition telle qu’une chute d’eau de deux mètres serait obtenue par un creusement très profond ; il servirait également à faciliter la navigation des bateaux qui se rendraient du bassin d’Arcachon à l’usine, pour le service des forges.

La quantité de fonte qui serait fabriquée annuellement ne dépasserait pas un million de kilogrammes, et celle du fer deux cent mille kilogrammes ; la consommation présumée du combustible serait annuellement de dix mille stères de charbon végétal ; le minerai, qui entrerait dans cette proportion pour deux millions cinq cent mille kilogrammes, serait pris dans les communes précitées, particulièrement dans celle du Porge, où il se trouve très abondant.

Dans la persuasion, Monsieur le Préfet, que ma demande ne peut rencontrer le moindre obstacle, et dans l’espoir qu’il vous plaira favoriser un projet auquel s’intéresse vivement la commune de Lège et les communes circonvoisines, j’ai cru pouvoir, en attendant l’autorisation que je sollicite, me livrer d’avance à certains travaux préparatoires, afin que l’usine, bientôt établie, puise concourir aux diverses constructions des chemins de fer projetés.

J’ai l’honneur d’être avec respect, Monsieur le Préfet, etc.



Nous avons recopié, à l’identique, le texte de la demande telle qu’elle fut imprimée sur l’affiche officielle, se terminant ainsi, après le etc.

Signé G. GIGNOUX, Maître de forges à Biganos, le 19 août 1846.

Cette lettre nous parait importante, c’est le point de départ de l’affaire « forge », et elle permet aussi d’éclairer certains points obscurs dans les diverses relations ou échos des chroniqueurs...

D’abord, l’assurance tranquille du promoteur qui, ayant commencé les travaux, ne s’attend pas à un refus officiel, alors qu’il s’agit bien d’un établissement soumis à autorisation préfectorale préalable (c’est la raison de le trouver en archives départementales !). Il faut replacer cette « morgue » dans un 19ème siècle donnant libre cours aux initiatives industrielles, capitalistes et « modernes » !

Puis, autre précision, il ne s’agit pas d’une location de terrains appartenant au château d’Arès, comme a pu l’écrire Isabelle Verdier dans ses récits locaux (et que nous avons cités de confiance plusieurs fois !). M. Gignoux précise bien « le soussigné vient d’acquérir une propriété... », et il accompagne les plans de ses titres de propriété, démontrant ainsi une volonté à la fois de pérennité et d’investissement...

Vision d’avenir, le maître de forges envisage la possibilité d’une navigation dans le canal, et depuis le bassin d’Arcachon, pour le service des forges ! Cela peut confirmer les échos de l’ancienne institutrice de Lège, Isabelle Verdier, sur le commerce local avec les ports d’Arès, Lège et Ignac, entre autres de minerai de fer venu d’Espagne et de Bretagne...

D’autre part, M. Gignoux parie sur le développement du chemin de fer pour l’écoulement de sa production. Nous sommes alors en 1846, la ligne Paris Saint Germain a été inaugurée en 1837, le premier train local part de Bordeaux vers La Teste le 6 juillet 1841 ! (Voir C et T n° 04)




L’optimisme du « maître de forges » - n’oublions pas que cette appellation a plus tard défini une fraction dominante du patronat français – qui a anticipé sur les autorisations de l’administration va se trouver assez vite en butte à d’autres intérêts...

Comme on l’a vu dans des articles précédents (Côte et Terre  impressions n° 05, « Canal historique » et la suite), plusieurs projets, au 19ème siècle, suivent leurs cours quant à l’édification d’un canal navigable et le ministère des travaux publics enjoint au préfet de la Gironde « d’ajourner la décision définitive sur cette affaire et d’attendre que l’administration ait statué sur le projet de canal de navigation des étangs au bassin d’Arcachon »... Alors que la forge de Lège a commencé ses activités !

D’autre part, profitant de sa propriété qui est d’une belle superficie, en bordure à la fois du canal et du Grand chemin des Dunes à Ignac, le sieur Gignoux présente un nouveau plan sur lequel la voie est ainsi inscrite [ C’est l’occasion pour nous d’extrapoler sur l’existence d’un chemin qui conduirait les habitants d’Ignac vers l’Océan ? ] Ce plan fait état, sur le terrain, non seulement du bâtiment industriel mais également d’une maison d’habitation et de ses dépendances, et présente le projet pour un moulin, en plus du haut fourneau, bénéficiant de la force hydraulique encore disponible après la forge !... On ne connaît pas les suites...

Seulement, dans sa volonté de développement et d’efficacité, l’industriel a tout simplement barré d’une digue le canal des étangs afin que, lors des basses eaux, son bief d’alimentation puisse toujours bénéficier d’une arrivée d’eau... Elle est d’ailleurs, sur le nouveau croquis pour la demande de moulin « à moudre », avec dessin des meules et des engrenages, parfaitement visible en travers du canal !

On se doute bien que, assez vite, les pêcheries en amont vont voir disparaître l’arrivée du frai d’anguille qui la nuit remonte le courant (les fameuses « piballes » !)...



L’an 1856, Simon Verdier, garde dune à la résidence du Porge, fait son rapport...

(...) «  au moment de notre visite une grande quantité de frai d’anguilles était accumulé en aval du barrage, n’ayant aucune issue pour franchir cet obstacle, le Sr Gignoux s’étant approché sur les lieux, nous lui avons fait faire cette remarque en lui demandant d’ouvrir un passage sur sa digue formant barrage, ainsi qu’il l’avait pratiqué l’année dernière, que ce passage ne fut-il que de 0,25 m de profondeur suffirait pour que la majeure partie de la quantité énorme du frai qui se perd dans cet endroit peut franchir l’obstacle.

M. Gignoux ayant fermement refusé d’obtempérer à nos observations, nous avons constaté son refus par le présent procès-verbal... »

Les maires des communes en amont ne pouvaient accepter de perdre leur approvisionnement en jeunes anguilles...

Quelques difficultés d’autre part ayant entraîné une mise en redressement, (dont on a traces écrites), des arrêts de l’usine, des reprises sporadiques et toujours des conflits sur les prises d’eau, l’activité, quoique poursuivie par des successeurs, a dû se trouver confrontée aux intérêts contradictoires de la population...

Rappelons certains éléments que nous avions relatés dans le n° 05 de Côte et Terre... Par erreur, nous avions envisagé une installation de la forge  proche de l’an 1840, or M. Gignoux achète sa propriété et fait sa demande en 1846... Léopold Javal acquiert le domaine d’Arès et son château en 1847, le plan publié dans le n° 05 date de 1849 et montre un conflit sur l’eau... entre les deux hommes qui souhaitent chacun leur dérivation !

Le Guide Joanne de 1860  fait encore état de la forge et des successeurs... « On passe (30 min de marche) devant la forge de Lège qui, fondée par M. Gignoux, appartient aujourd’hui à MM. Lousteau et Dussacq de Bordeaux. » (Citée page 41 du n° 03 de Côte et Terre impressions.)



L’oubli aussi se « forge » !

Il faudrait rassurer Michel Boyé,

Président Directeur (généralement bien informé)

de la S.H.A.A. et de sa revue trimestrielle qui estimait

(dans le n° 136, mai 2008) que les historiens locaux

ont déserté depuis longtemps les services d’archives...

Non ! On en voit encore quelques uns qui glanent des informations !


Dans une monographie, datée d’avril 1959 et réalisée par des retraités (le château d’Arès fut vendu à la Mutuelle en octobre 1948 pour une ouverture le 1er novembre 1949) Histoire du Grand Domaine d’Arès 1789-1959, une partie décrit le territoire agricole et sylvicole...

Deux blocs : celui du Cirès, 645 ha, de la route de Bordeaux jusqu’à Saint Brice et Andernos, le long du ruisseau ; celui de la Machinotte et du canal, 184 ha. N’est pas compté le domaine détaché en 1915 de la Saussouze avec 1919 ha en majorité sur Lège...

Le texte décrit ainsi ce bloc de la Machinotte...

« ...s’étend au nord de la route du « port de Lège » (aujourd’hui port d’Arès, bien sûr !) au nord du bourg, presque jusqu’à la route de Lège au Cap Ferret (pont de Bredouille). Il est traversé par le Canal des Etangs, rectiligne, dans lequel se jette in extremis la petite Machinotte. Là, se trouvent les champs, les prairies, le vignes, des réservoirs et des pinèdes : ce bloc est surtout agricole. »

Donc, en 1959, ce descriptif ne tient pas compte d’une propriété dite du Domaine Franc dont l’acquisition, pour l’établissement de la forge, est revendiquée en 1846 par M. Gignoux sur sa lettre au préfet de la Gironde.



Une autre monographie, des mêmes auteurs retraités à Arès, cite Louise Weiss qui raconte...

« Mon arrière grand père avait découvert Arès en lisant une annonce d’adjudication affichée sur les murs de Bordeaux. Il prit le train jusqu’à La Teste, puis un bateau à voiles et aborda ainsi le domaine qu’il ne tarda pas à acquérir, séduit. »

Cette scène est très précisément datée de 1848. Léopold Javal devient le nouveau propriétaire du château et domaine d’Arès, encore commune d’Anernos, et avec des terres qui débordent largement au sud sur Andernos bien sûr, au nord sur Lège, au-delà de la frontière du « riou d’Ignac » ou Machinotte.

Le relevé de la forge et des divers canaux d’amenée d’eau date de 1849 (voir Côte et Terre impressions n° 05), à rapprocher d’une part de la création de la forge en 1846, d’autre part de l’acquisition Javal de 1848. Ce plan est dressé en tant que suite  au procès-verbal pour un conflit sur l’utilisation de l’eau...

On a vu que M. Gignoux souhaitait une force hydraulique nécessaire à plusieurs roues à aubes pour la fonderie, afin d’actionner martinet, marteau pilon, soufflerie...

- Martinet : marteau qui est mû ordinairement par la force de l’eau et qui sert dans les forges, dans les moulins à papier, à tan, à foulon, etc. (Définition de 1886).

- Marteau pilon : énorme pilon mis en mouvement par la vapeur et employé dans les forges...

- Soufflerie : l’air nécessaire à la combustion est fourni dans les fonderies par des machines soufflantes mues à la vapeur ou à la force hydraulique...

...mais que dans les années 1850 et suivantes il étudie la possibilité – avec présentation d’un plan à la préfecture, encore en archives (SP 1130) – pour l’adjonction d’un moulin à moudre ! Et sur ce document, l’industriel a bien fait figurer, en travers du canal, un véritable barrage pour une retenue d’eau suffisante à sa dérivation... (Les restes de ce barrage (pieux verticaux), en 1956, ont-il retardé la progression de l’équipée d’Arès à Hourtin, avant Bredouille ? Voir n° 02 de C et T)





Léopold Javal qui cherche une irrigation – en eau douce – ne peut puiser en aval de ce barrage car, à marée montante, l’eau est saumâtre, impropre à l’irrigation, et, lors des basses eaux, le débit devient insuffisant puisqu’il est retenu par le barrage de Gignoux !

Le plan de 1849 nous montre alors le projet de Javal, qui exige un long trajet de dérivation contournant la propriété Gignoux et puisant en amont du canal de la forge, pour avoir à la fois l’eau douce et la pression de la hauteur d’eau...

Curieusement, la monographie des retraités, datée de 1959, étudie la création par Léopold Javal d’un grand domaine agricole et surtout pastoral « entre le chemin du port de Lège (qui part de l’église), le pont de Bredouille et le Bassin ». Nous sommes en plein dans la zone concernée, d’où l’intérêt de citer le texte de cette étude !


« D’abord, il faut niveler très soigneusement, (décrivent nos auteurs de 1959) et creuser un grand canal d’irrigation. En réalité l’eau coule entre deux gros remblais de terre, au niveau du sol, le fossé n’étant qu’une apparence. Elle provient du « canal des Etangs », ou « canal de Lège », grâce à un barrage construit près du pont de Bredouille, à 80 mètre en aval. Elle franchit la Machinotte par un aqueduc en ciment (près d’un pont solide et d’un chêne aux branches soudées). Le canal de Gignous (du nom de l’ingénieur constructeur) passe en bordure de prairies irrigables, des vacheries, contourne exactement la grande garenne et se termine par un long fossé, en bordure orientale de la « prairie » du château. Il fontionne pendant deux mois d’été. Il traverse la « route du port de Lège », après autorisation du Conseil municipal à Barreyre, en juillet 1872. Il est propriété privée. (On en retrouve aujourd’hui des tronçons desséchés.) »


Longue citation qui appelle quelques remarques...




En 1959, l’oubli dans lequel était tombée la forge fonderie avait entraîné celui du nom même de son créateur, « Gignous » devint un ingénieur constructeur de canal !

Barreyre aurait été le premier régisseur, remplacé en 1897 par Borduron. La délibération de 1872 donnant accord à Barreyre, représentant du domaine, pouvait-il se trouver à l’origine (1848) lors de l’achat par Javal, car pensionné lors de son départ,  il devait être né vers 1830 ? Soit il serait resté régisseur à un âge avancé, soit il aurait débuté très tôt, à vingt ans ?

En 1849, le plan du procès verbal entre Gignoux et Javal, nous indique que, d’une part le canal de fuite de la forge rejoint la Machinotte pour s’y déverser, d’autre part le canal d’irrigation de Javal traverse le même ruisseau pour irriguer un peu plus loin, la suite du tracé n’étant pas indiquée. A cette époque, et suivant le plan, l’embouchure du « riou d’Ignac » ou Machinotte est encore directement dans le Bassin et non dans le canal des Etangs...

L’autorisation municipale de 1872 (année du décès de Léopold Javal, le 28 mars à Paris) permet de penser que

1. La forge a cessé toute activité, même sporadique, peu après 1860...

2. La création des réservoirs a entraîné une emprise sur le Bassin et un détour du « riou » !

3. Le château d’Arès peut alors bénéficier de l’eau sans concurrence de la forge.

La conclusion de la monographie citée contient ces paragraphes...

« De 1848 à 1893, Léopold Javal (et sa veuve à la suite, devrait-on ajouter) crée un véritable domaine de 2845 ha, irrigué, ensemencé, ou planté. C’est le temps de Chambrelent (mort en 1893) des concessions officielles et des grandes compagnies agricoles, avec ou sans succès.

C’est aussi la seconde moitié du 19ème siècle, c’est à dire le développement du capitalisme, lequel n’a pas eu que d’affreux défauts. Arès est une création agricole dans un pays sauvage. Qui l’a faite ? Un banquier. Un banquier parisien et un habile régisseur, M. Barreyre... »



L’épisode Gignoux, malgré son titre de maître de forges, ne pouvait durer face à l’irrésistible ascension du domaine d’Arès et son banquier Javal !

D’ailleurs, en 1864, lors de l’inauguration du canal, après reconfiguration du lit pour assécher les nombreux marais de son cours, nous avons lu (cf. Côte et Terre n° 05 et n° 08) que quatre vingt personnalités descendirent la rivière, dans les flots tumultueux, entre Lacanau et Arès, et qu’il n’est pas question de barrage.

Au vu de ces divers éléments on peut assurer que la forge n’était plus en fonctionnement lors de l’année 1864. Elle a du vivre une quinzaine d’années...


Et dans la même année...

Un voisinage de dossier (5 M 429), aux Archives départementales de la Gironde, dans la liste des sites classés, usines nécessitant une autorisation préfectorale, nous trouvons un arrêté du Préfet en date du 29 avril 1864...

...Vu une demande formulée par le sieur Gorry Fils à l’effet d’être autorisé à établir une fabrique de produits résineux dans sa propriété du Champ du Moulin située commune de Lège.

C’est après une enquête de commodo et incommodo avec affichage pendant un mois dans les communes de Lège et d’Arès, après avis du Conseil d’hygiène et salubrité du département du 13 avril 1864 est autorisé avec une description en cinq paragraphes des obligations que nous résumons...

L’atelier de distillation sera construit en pierres solidement établies et reliées au mortier ; il sera placé au point indiqué en rouge sur le plan des lieux ci- annexé à vingt mètres du chemin d’Arès au Porge...



La porte du fourneau s’ouvrira en dehors de l’Atelier, elle sera surmontée à un mètre de l’ouverture du foyer d’une feuille de tôle incrustée dans le mur et formant auvent dont la saillie dépassera d’au moins trente centimètres la toiture du bâtiment de manière à garantir la charpente des étincelles et de la flamme qui pourraient s’échapper du fourneau...


Ainsi se poursuivent les recommandations diverses sur le magasin à essence, le bac à gemme, le four à goudron, le dépôt de bois et de paille qui doit être éloigné « d’au moins trente mètres »...

Citons une précaution supplémentaire : « Les jarres à essence seront enfouies dans le sol jusqu’au collet et fermées au moyen d’un disque en tôle forte débordant de huit à dix centimètres le pourtour du collet. » Il s’agit bien sûr de la térébenthine...


Les travailleurs de la forge ont dû pouvoir se reconvertir devant d’autres fours...


Ceux-là ont dû tenir plus longtemps car, autorisés en 1864, il faut attendre le 20ème siècle...


Après la mort de son mari Paul (en 1903), c’est bien Sophie Wallerstein, la châtelaine d’Arès, qui décida la création d’une usine de distillation de gemmes en 1905, sur la commune. Elle le fit sous forme coopérative, en regroupant des propriétaires qui s’estimaient peu avantagés par le traitement proposé par les établissements similaires de Templier et Gorry à Lège. Ainsi, elle finit par s’accorder avec eux pour n’avoir qu’une seule unité de production, importante et forcément plus moderne, qui pouvait accueillir, à la veille de la seconde guerre mondiale, près de 150 propriétaires de pins...

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R E T O U R

La Forge de Lège

ne fût pas un long « canal » tranquille !